Sfar wars à Nice

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Dans son nouveau livre Le Niçois qui vient de sortir, Joann Sfar, originaire de Nice et frais détenteur de la Légion d’Honneur, imagine le retour de Jacques Médecin dans la ville où il a été maire de 1965 à 1990, et décrit les Niçois comme des personnes ne sachant pas lire mais qui habitent une ville conviviale et cosmopolite …

Salades niçoises

1540-1Sfar is born… Niçois. Dans Le Niçois, il imagine le retour de Jacques Médecin (appelé Jacques Merenda dans le livre) à Nice qui sortirait de sa planque dorée sud-américaine pour revenir dans la ville qu’il n’a pu oublier, Nice, sa ville. Il veut reprendre la mairie, mais n’ayant pas pu recevoir l’investiture républicaine par Christian Lestrival (Estrosi)  se présente sous pavillon communiste, et fait alliance avec un Juif et un Noir.

Jacques Médecin, le maire haut en couleurs de Nice, Sfar le connait bien :

« Mon père a été adjoint de Jacques Médecin, il a démissionné le jour où Médecin a reçu Jean-Marie Le Pen. (NDR : Jean-Marie Le Pen avait fait venir un ancien SS au palais des expositions de Nice). J’ai eu la chance de grandir avec ce personnage qui était plus grand que la vie, j’aime bien le faire revenir aujourd’hui. Il exerce une sorte de fascination sur moi. Comme OSS 117, on le sort du formol et on le remet aujourd’hui et comme il n’est pas faux cul c’est un révélateur de connerie. Je le mets dans les pattes des politiques d’aujourd’hui, en alliance avec le Front de Gauche et c’est une explosion. » raconte-t-il sur Europe 1.

Jacques Merenda (Medecin) et Christian Lestrival (Estrosi) dit « le pitchoun » sont quelques-uns des héros de ce polar de politique fiction pas comme les autres. Il fait parler les politiciens à la manière d’Audiard  » « Je vous parle d’une époque où les hommes à moustache avaient encore leurs chances avec les jolies blondes » et avoue qu’il voulait faire du San Antonio avec des politiques qu’il voit tous les jours (Tarik Ramadan, Edwy Plenel…).

Excusez-moi de n’avoir pas écrit une vraie enquête sur Jacques Médecin. Mais je ne suis pas un garçon sérieux. Ma vérité se trouve chez Dino Risi, Frédéric Dard et Sergio Leone. Finalement, je ne suis pas compétent en ce qui concerne Jacques Médecin. Mon expertise s’arrête juste à cet univers dont je rêve depuis longtemps, sur lequel règne Jacques Meruda. »

Qui aime bien châtie bien ?

220px-Joann_Sfar_-_Le_Livre_sur_la_Place_(21174021150)Celui qui affirmait il y a quelques temps « Dire qu’on est de Nice c’est comme exhiber son casier judiciaire » n’épargne pas sa ville d’origine : « Contrairement à Paris où je vis, Nice c’est une ville avec beaucoup de bagarres, beaucoup de bassesses mais une vraie capacité à se rencontrer, à s’engueuler qui est assez salubre. J’y ai vu des communistes et des royalistes manger à la même table ».

« Personne ne sait lire à Nice » dit-il aussi dans le livre. Explication : « Toutes les librairies de PACA réunies, vendent moins de livre qu’une librairie parisienne ! C’est des chiffres ! Si les Niçois ne lisent pas c’est parce que c’est une ville de passage, de retraités et car dès le mois de mars on y est à la plage ! ».

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  • Le Niçois de Joann Sfar, édition Michel Lafon (26 mai 2016), 279 pages, 18,95€

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NB : Jacques Médecin a été maire de Nice durant 5 mandats de 1965 à 1990. À partir des années 1980, des soupçons de corruption et de clientélisme pèsent sur sa gestion, notamment après la publication (hors de France) ob_f211f4_jacques-medecin-jpgdu pamphlet « J’accuse » de Graham Greene, qui dénonce un système de crime organisé en Côte d’Azur autour du maire de Nice. Jacques Médecin est mis en examen pour la première fois en novembre 1989 pour délit d’ingérence et abus de bien social. Il démissionne en septembre 1990 de tous ses mandats et s’enfuit à Punta del Este en Uruguay.  Il fait ensuite l’objet de plusieurs mises en examen et condamnations en France. Arrêté par la police uruguayenne et transféré à la prison de MOntevideo en 1993, il est extradé en France en novembre 1994. À la suite d’une confusion des peines accordée par la cour d’appel de Grenoble, une peine de prison avec sursis est substituée aux quatre ans de prison ferme prononcés en 1ere instance, lui permettant de retourner en liberté. Il est mort le 17 novembre 1998 à Punte del Este.

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Voir aussi sur le même sujet d’autres chroniques de la Griotte :

« Gary, mon bouclier contre une certaine médiocrité » (Sfar)

Sfarmania, ou la vie héroïque fantaisie de Jacques Médecin

Les selfies people immanquables à Nice

« Dire qu’on est de Nice c’est comme exhiber son casier judiciaire » (Sfar)

Bachibouzouk et tonnerre de Nice

 

 

 

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