« Le nombre d’écrivains qui ont entretenu pendant leur vie un rapport étroit avec cette ville est impressionnant. Je ne pense pas qu’il existe d’équivalent dans les autres régions françaises. Certains y sont nés, d’autres y ont étudié, d’autres ont choisi d’y vivre. Ce tropisme littéraire est un mystère.
On peut comprendre que la ville, avec ses couleurs et sa lumière, ait inspiré les peintres. L’influence qu’elle a eue sur les écrivains est plus difficile à saisir. Lieu de rencontre des cultures, lieu d’immigration, baie somptueuse ouverte sur l’horizon de la Méditerranée, Nice a su distiller dans la conscience de ceux qui lui sont liés un puissant courant de rêve et le goût des autres, toutes choses qui sont au principe de la (bonne) littérature. »
(…)
« C’est sur une plage de Nice que j’ai découvert, peu après sa parution, Le Roi des aulnes, de Michel Tournier. Ce livre magnifique, plein des images sombres d’une Allemagne peuplée d’ogres et de fantômes, je l’ai lu dans la lumière aveuglante de la baie des Anges. Curieusement, les deux s’accordaient à merveille et j’ai compris ce que disait Giono : le soleil frappe, écrase et, pour les peuples du Sud soumis à sa loi, il représente la tragédie. Le décor de Nice n’est pas seulement synonyme de bonheur et d’espoir ; il est aussi plein de 
profondeur. Voilà pourquoi, sans doute, les écrivains de Nice, de Le Clézio à Romain Gary, excellent à rendre la violence, le tragique et la profondeur du monde, autant que sa beauté. »
il
Jean-Christophe Ruffin (président du Festival du livre de Nice 2016) dans Le Point du 04/06/16
La Griotte 