À quelques jours du Festival du Livre de Nice consacré à la Russie, la Griotte, russophile depuis sa rencontre pendant l’adolescence avec Dostoïevski et Henri Troyat (dans le désordre) jusqu’aujourd’hui avec Limonov, a enfin réalisé l’un de ses rêves niçois, admirer de près la célèbre cathédrale russe de Nice. Elle chaussa ses plus belles plateformes fleuries et se dirigea sans hésiter derrière la gare de Nice, suivit la voie ferrée le long de l’exotique rue Trachel, redescendit le long du boulevard Garibaldi, tourna à droite boulevard du Tsarewitch et … se crut devant un mirage aux accents slaves. Elle avait devant elle une gigantesque pièce montée, ornée de coupoles vertes et de sculptures multicolores. Une petite merveille, cette cathédrale Saint Nicolas ! Enfin quand je dis petite, je pense à gigantesque ! Pas étonnant qu’elle soit le site le plus visité de Nice (150.000 visiteurs tous les ans) … et pourtant, elle ne se visite plus ! Comment un tel crime ou châtiment est-il possible ?
Des débuts très prometteurs pourtant…
En raison de l’importance de la communauté russe installée à Nice (lire à ce propos l’article de la Griotte baptisé Crème et bâtiment), il fut décidé au milieu du XIXe siècle la construction d’une église russe dans la ville. La tsarine Alexandra Fedorovna lança une souscription dès 1856 et l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, fut inaugurée rue Longchamp, en 1859. Elle est alors la première église russe d’Europe de l’Ouest.
Mais rapidement, elle devint trop petite pour la colonie russe qui ne cessait de grandir. En 1903, dans le parc Bermond, débuta la construction d’une cathédrale. C’est à cet endroit qu’en 1865, le tsarévitch Nicolas Alexandrovitch, fils d’Alexandre II, s’était éteint à l’âge de vingt ans des suites d’une méningite, alors qu’il séjournait à la villa Bermond que son père avait louée. Peu de temps après, celui-ci acheta le parc, rasa la villa et fit édifier une chapelle en hommage à son fils, à l’endroit exact où ce dernier était mort. C’est à proximité de cet oratoire que la cathédrale fut bâtie et inaugurée en 1912.
Intérieur de la cathédrale russe.
Ce que la Griotte n’a pas pu voir
à cause de cette incroyable boulette russe !
2006 et 2011, brochette de boulettes !
Depuis 1923, c’est une association cultuelle qui gère la paroisse orthodoxe Saint-Nicolas de Nice et donc la cathédrale. Depuis novembre 2006, la Fédération de Russie revendique la propriété de la cathédrale en s’appuyant sur le fait que le terrain sur lequel elle fut construite, appartenait à la famille impériale de Russie avant la Révolution russe de 1917. L’affaire a été portée devant la justice. Après 5 ans de procédure, la cathédrale a été attribuée à la Fédération de Russie.
Aujourd’hui, la paroisse est privée de ressources, les paroissiens privés de culte et la Griotte privée de visite. On ne peut plus entrer à l’intérieur et on doit se contenter d’admirer les coupoles et les sculptures de cette gigantesque pièce montée, en poussant des oh et des ah admiratifs.
« L’église russe était vide, devant moi marchait la Griotte, il avait un joli nom mon guide… la Grioooootte » chantonnait (faux évidemment !) la Griotte, toujours pas remise de sa petite promenade russe, et qui s’est crue en un instant transportée au Kremlin… avec des palmiers !
Pour déguster d’autres griotteries à la vodka à propos de la littérature russe et notamment du prochain festival du livre de Nice, vous pouvez choisir au menu du jour : le programme plein de testostérone, les sexy stars à voix chaude, une abbaye pas très catholique, une drôle de salade russe ou une invasion de brouillard prévue en juin et un petit rappel sur Romain Gary.
La Griotte 