Pauvre petite-fille riche

Marina par Picasso

Marina par Picasso

C’est l’histoire d’une petite fille élevée dans la pauvreté qui hérite à 20 ans d’une magnifique villa à Cannes et de 10.000 oeuvres d’art signées… Picasso. C’est l’histoire de Marina, petite-fille peu aimée de Picasso et de sa première femme, la danseuse russe Olga Khokhlova. Cette histoire, elle l’a racontée en 2001 dans Grand-père. Aujourd’hui, elle fait savoir qu’elle veut mettre en vente, sans intermédiaires, de nombreuses oeuvres de son illustre grand-père.

Picasso dans une chambre de la Villa Californie en 1957. Photo David Douglas Duncan.

Picasso dans une chambre de la Villa Californie en 1957. Photo David Douglas Duncan.

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Lorsque Picasso meurt en 1973, à 91 ans, il laisse 50.000 oeuvres et une famille composée de quatre enfants, huit petits enfants et de nombreuses femmes. La bataille est âpre pour le partage de ce fabuleux héritage au milieu d’une famille désunie.

Dans son livre, Marina raconte comment Jacqueline Roque, la seconde femme de l’artiste, a interdit à son frère, Pablito, d’aller aux obsèques de Picasso, provoquant son suicide quelques jours plus tard à l’âge de 24 ans. Elle évoque aussi la mort de son père, Paulo, à 51 ans, ravagé par l’alcool ; le suicide de Jacqueline, dernière épouse de l’artiste, après la mort de celui-ci, ainsi que la pendaison de Marie-Thérèse, une autre de ses compagnes.

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10000 oeuvres et une villa pour cet héritage « dépourvu d’amour »

Un cinquième de ses biens sont finalement attribués à Marina Picasso, soit 10 000 œuvres : 300 tableaux, et des céramiques, dessins, esquisses ou sculptures, et La Californie, cette grande villa du XIXe siècle à Cannes.

 

La villa Californie du temps de Picasso

La villa Californie du temps de Picasso

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La villa de la Californie, devenue pavillon de Flore de nos jours, avec le portrait d'Olga Khokhlova, grand-mère de Marina Picasso

La villa de la Californie, devenue pavillon de Flore de nos jours, avec le portrait d’Olga Khokhlova, grand-mère de Marina Picasso

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Un héritage, qui lui rappelle sans cesse le manque d’amour de son grand-père à son égard.

Il n’a jamais joué au grand-père. On avait même du mal à ce qu’il accepte de nous ouvrir la porte. Les animaux avaient tous les droits, et nous, les enfants, aucun. Sa chèvre se promenait partout, ses chiens étaient dans ses dessins. Pas nous. À 5 ou 6 ans, j’avais du mal à le comprendre.» 

Aujourd’hui l’héritière envisage de gérer ses ventes sans passer par des intermédiaires, et donc sans leur payer de commissions. Le marché de l’art frémit à cette annonce craignant que si elle inonde le marché, les prix baissent.

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Les gens me disent que je devrais être contente d’avoir touché cet héritage, et je le suis. Mais c’est un héritage dépourvu d’amour », explique-t-elle. « Cela a été très difficile de porter ce célèbre nom et d’avoir eu autant de difficultés financières. Je pense que c’est pour cela que j’ai développé une fibre humaine et le besoin d’aider les autres. »

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Pablo Picasso l'achète en 1955 et s'y installe avec Jacqueline Roque jusqu'en 1961 quand la construction d'un immeuble vient lui gâcher la vue sur la baie de Cannes. Il déménage alors à Notre-Dame-de-Vie sur les hauteurs de Mougins.

Marina Picasso devant la villa La Californie. Pablo Picasso l’achète en 1955 et s’y installe avec Jacqueline Roque jusqu’en 1961 quand la construction d’un immeuble vient lui gâcher la vue sur la baie de Cannes. Il déménage alors à Notre-Dame-de-Vie sur les hauteurs de Mougins.

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Marina Picasso, mère de cinq enfants, dont trois adoptés au Vietnam, compte utiliser cet argent pour ses actions philanthropes en France, en Suisse et au Vietnam.

Marina Picasso

Marina Picasso

Désormais, je vis au présent, dit-elle. Le passé est derrière moi. Mais je n’oublierai jamais, jamais. Je respecte mon grand-père et sa stature en tant qu’artiste. J’étais sa petite-fille et son héritière, mais je n’ai jamais eu de place dans son cœur. »

Une chose est sûre : le premier tableau dont elle se délestera s’intitule La Famille. Une peinture de sa propre famille dans un style réaliste, réalisée en 1935.

Il est symbolique car je suis née dans une grande famille, mais cette famille n’en était en réalité pas une», a confié l’héritière.

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3 commentaires to “Pauvre petite-fille riche”

  1. Une vie hors du commun

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  2. Une belle histoire triste !

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  3. J’ai eu l’occasion de garder l’enfant de Marina Picasso en 1976, à Marina Baie des Anges. Une personne très sensible et douce

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